a - L'Air - Chroniques de Malachite -

Capture d’écran 2010-04-30 à 13.34.13Aujourd’hui Malachite se prit à réfléchir sur l’espace qui l’entourait.
Elle se mit à le regarder.
Pas à le regarder comme on pourrait penser. Ce n’était pas les voitures qu’elle regardait passer ni les maisons qu’elle aimait détailler.
Non elle se mit à regarder l’air qui l’épousait. Elle l’avait toujours senti, mais ne s’était jamais interrogée sur la couleur de l’air ni de sa matière.
Malachite leva un doigt et se mit à le tâter doucement sans rien penser.
 

 

Puis elle leva les deux bras à l’horizontale de chaque côté et entreprit d’effectuer de minuscules mouvements sur la droite puis sur la gauche afin de pouvoir observer ce que l’espace lui répondait. Elle sentit un air légèrement plus froid et Capture d’écran 2010-04-30 à 13.34.13agité. Alors elle remua un peu plus rapidement et l’air commença à lui fouailler le visage par le froid qui se dégageait.

Elle se dit que l’air est son copain.

C’est vrai que quand elle est née, elle s’est mise à crier parce que ce nouvel espace était vraiment très froid.
Par la suite il l’a toujours accompagné et ne l’a jamais laissé. L’air aussi a ses émotions. Il aime avoir chaud et nous fait part de l’enthousiasme du soleil ou de son embrasement du milieu de journée.
Certaine fois, il se calme et nous paraît très reposant. Il nous aime et nous le dit. Nous le respirons. Nous l’aspirons et nous le rejetons afin de le respirer à nouveau. Il nous chauffe le corps puis nous rafraîchit pour la nuit et nous nous endormons tranquille et bienheureux.
D’autre fois, il hurle sa colère, il a aussi ses agacements. Ces irritations le poussent à se soulever et d’un petit vent calme il se transforme en grosse tempête. À ces moments, il devient très violent pour se faire entendre alors que la plupart du temps on le connaît pour son effacement. Il nous cingle de milliers de flèches gelées. Il nous flagelle et envoie nos chevelures sur nos yeux effarés. Il nous maltraite ou nous remet en place comme des enfants indisciplinés. Soumis, nous nous réfugions sous nos toits et attendons. Au fond de certains c’est un grand réjouissement. Ceux-la n’attendent qu’une chose, que le ciel se déchire de mille éclats. L’espace gronde, tonne d’une voix grave et profonde. L’air cavale par bourrasques sombres. L’air parle.

Capture d’écran 2010-04-30 à 13.34.13Malachite l’avait bien dit. Il émet ses humeurs et ses opinions. C’est son copain, le copain de tous, fidèle et précieux. D’un doigt, elle le goûte, le hume. Son odeur est changeante. Il s’adapte en fonction de l’endroit qu’il côtoie. Il sent le sable chaud, l’iode et le sel, piment d’une vie. Il conduit l’odeur de la terre avant l’orage mais aussi des fleurs, des fruits et de tous ce que la nature nous donne. Avec délicatesse, il nous apporte l’arôme d’un être cher ou le fumet d’un autre. Et puis il change de couleurs. À l’image du caméléon, il prend un ton encre profond pour souligner l’univers et nous festoie de toutes les couleurs avec son arche arc en ciel. Néanmoins, la plupart du temps, il préfère rester transparent. Transparent et bien présent.

Malachite se dit qu’elle est heureuse de se savoir portée tous les jours de sa vie. Son copain la porte, l’enveloppe, l’aspire. Il sait aussi la réconforter et la réchauffe de sa tiédeur ou la berce de son chant à cette occasion constant.

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